Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, alors sachez que sa dévastation approche. Alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ; ceux qui seront à l’intérieur de la ville, qu’ils s’en éloignent ; ceux qui seront à la campagne, qu’ils ne rentrent pas en ville, car ce seront des jours où justice sera faite pour que soit accomplie toute l’Écriture. Quel malheur pour les femmes qui seront enceintes et celles qui allaiteront en ces jours-là, car il y aura un grand désarroi dans le pays, une grande colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ; Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens, jusqu’à ce que leur temps soit accompli. Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Ce passage ressemble à une description de faits et évènements en cours ou dont on a été témoins il y a peu de temps. Il est bien possible que Luc décrive les résultats de la récente destruction du Temple de Jérusalem par les armées romaines, en 70. C’est « le temps des païens » et ce temps s’achèvera.
En utilisant les Écritures et les Prophètes, le récit rappelle les promesses de Dieu au Peuple qui s’est tourné vers les divinités païennes, mais la peur n’est pas le centre du message. Il évoque le « retour glorieux du Fils de l’homme » et la libération du monde des structures de péché introduites par le démon au commencement. L’annonce de ce retour en gloire fait naître l’espérance d’un monde nouveau d’où le mal et la mort seront vaincus.
1. « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles ».
La fin de ce monde aura une dimension cosmique comme l’enfantement auquel la création toute entière aspire depuis la chute des premiers temps (Cf. Ap 12, 2). L’espérance chrétienne ne sera ni déçue, ni trompée alors même que les hommes mourront de peur en voyant les puissances ébranlées comme elles ne l’ont jamais été. Ce passage est terrifiant : « Les puissances des cieux seront ébranlées ». La grande misère des gens est évoquée, ainsi que des combats avec l’épée et le glaive. Ici, pour soutenir l’imagination de ses contemporains, l’évangéliste se sert peut-être du spectacle désolant laissé par le saccage de Jérusalem et la destruction du Tempe par les Romains, en 70.
Les Écritures parlent de « la colère de Dieu ». En réalité, en langage humain, ce mot traduit l’attitude de Dieu lorsque l’homme se détourne de lui. Le prophète Osée parle d’un Dieu « lent à la colère et riche en miséricorde dont les entrailles frémissent en voyant son peuple cramponné à l’infidélité » (Os 11, 7-8). Mais il est Dieu et non pas homme et « où le péché a surabondé, la grâce s’est multipliée » (Rm 5, 20) dont « le Fils est venu sauver ce qui était perdu » (Mt 18, 11).
2. « Alors, on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire ».
Donc, il ne faut pas que nous vivions dans l'angoisse. Saint Paul, lui qui a été saisi par le Christ, en est persuadé et le proclame aux Romains : le retour du Christ sera un temps de justice et de gloire pour ceux qui auront été justifiés par la foi. Dieu, qui a soif de notre amour et dont la patience est infinie, ne se lasse jamais de frapper à notre porte. Il respectera toujours la liberté de notre réponse, mais, comme Jésus sur la croix, il revient sans cesse vers nous en nous disant : « Je t’aime et j’ai soif de ton amour. Ouvre-moi car je veux vivre éternellement avec toi ».