S’adressant aussi aux foules, Jésus disait : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive.
Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive.
Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ?
Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ?
Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison.
Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »
Seigneur, me voici en ta présence. Je te remercie pour ce petit moment de calme où je peux me retrouver seul à seul avec toi. Aide-moi à être attentif à ce que tu veux me dire aujourd’hui à travers ce passage de l’Évangile !
1. Ce passage de l’Évangile se trouve au cœur de la montée de Jésus à Jérusalem, que saint Luc raconte du chapitre 9 au chapitre 19 de son Évangile. Le mystère pascal, c’est-à-dire la mort et la Résurrection du Christ, va bientôt s’accomplir. La plénitude des temps est arrivée. Malheureusement, les gens ne semblent pas l’avoir remarqué, d’où le discours de Jésus, que l’on pourrait résumer ainsi : « Quoi... ? Le moment culminant de l’histoire est sur le point d’arriver et vous ne l’avez pas remarqué ?! Et les signes, alors… ! Et les prophéties accomplies, les miracles réalisés ! Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle (Lc 7, 22). Tous ces signes ne vous suffisent-ils donc pas ? »
Le Christ s’afflige de l’aveuglement de ses auditeurs. Ils font preuve de perspicacité pour discerner les signes de mauvais temps, mais ils sont complètement indifférents face aux signes du salut du monde. Comme le Seigneur voudrait qu’ils réagissent vite ! Si je sais qu’il va pleuvoir bientôt, je me dépêche de rentrer le linge et de fermer les fenêtres. De même, si je sais que le Seigneur est sur le point d’ouvrir les portes du ciel, je dois me dépêcher de le suivre. Pourtant, tant de personnes ont refusé le salut, plus par aveuglement que par obstination ! C’est sur ces inconscients que Jésus a pleuré à la fin de son voyage, en arrivant en vue de Jérusalem : « Ah ! Si toi aussi tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais maintenant, cela est resté caché à tes yeux. […] Tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait ».
2. La plénitude des temps a commencé au moment de l’Incarnation, mais elle n’est toujours pas terminée. Le Christ vivant, ressuscité, a fait une entaille dans le temps, il y a inséré l’éternité. Le Royaume de Dieu est déjà là, la vie éternelle est accessible, c’est pourquoi nous aussi, ce 23 octobre 2015, nous faisons partie de la plénitude des temps ! A nous aussi, le Seigneur envoie des signaux de conversion. Il nous adresse des messages à travers les sacrements, la prière, la lecture de l’Évangile, le témoignage des personnes qui nous entourent, les idées qui nous passent par la tête,… Suis-je attentif à ces signes ? Est-ce que je vois la main de Dieu derrière tous les événements ? Seigneur, donne-moi la foi ! Donne-moi le sens de la Providence !
Être attentif aux signes des temps, cela signifie observer avec foi toutes les circonstances du moment présent pour prendre la décision la plus juste. « Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? » nous dit le Christ. Ce qui est juste, c’est de rendre à chacun ce qui lui est dû, à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. En plus, Jésus ajoute « par vous-mêmes ». Suis-je capable de tisser de justes relations envers toutes les personnes que je connais ? Est-ce que sais défendre fermement la vérité tout en restant indulgent ? Suis-je assez mature pour résoudre les conflits en sachant faire les concessions nécessaires, même si c’est humiliant ? Par son humilité, Jacob a réussi à se réconcilier avec son frère aîné, qu’il avait pourtant dépossédé de son héritage : « [Jacob] passa devant eux et il se prosterna sept fois, face contre terre, avant d’aborder son frère. Ésaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou, l’embrassa, et tous deux pleurèrent » (Gn 33,3-4). Saint Paul, lui aussi, nous exhorte : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère. Ne donnez pas prise au diable » (Ep 4, 26-27). Seigneur, aide-moi à toujours me réconcilier avant qu’il ne soit trop tard !